Parmi mes quelques passions – comprenant notamment la contemplation des passants en leur imaginant un prénom, une vie et un passé parfois trouble – il s’en trouve une particulièrement dévorante : l’écoute de podcasts.
Je vous propose ma sélection, très orientée autour des récits de vie, que vous aurez peut-être le plaisir de découvrir pour la première fois !
Mes recommandations de podcasts de récits de vie
Transfert
Vous comprendrez en lisant les paragraphes suivants que Transfert a été détrôné du rang de “meilleur podcast de tous les temps selon Camille” pour une certaine raison, cependant je suis obligée de rendre à César ce qui est à César, en le mentionnant en premier.
C’est par ce podcast que je suis tombée dans le chaudron, que je me suis mise à écouter des heures durant, des voix d’inconnus confier des moments improbables, surprenants ou bouleversants de leur existence.
Transfert, c’est un podcast qui a été créé il y a quelques années par l’inénarrable Charlotte Pudlowski, dont la promesse pourrait se résumer en des histoires de vies, toujours vraies, racontées par leurs auteurs.
Ce que j’aime dans ce podcast, ce sont les récits racontés au présent, dont on ne connaît pas réellement la teneur avant d’avoir tout écouté. On tombe parfois sur une histoire amusante, plus souvent impressionnante, tragique ou forçant le respect.
Les épisodes durent entre 15 et 35 minutes, un épisode correspond à un récit et il n’y a donc pas de chronologie à respecter pour les écouter.
Les meilleurs épisodes de Transfert selon moi
Si vous voulez comprendre ce qui rend Transfert si passionnant, il vous suffit d’y consacrer 22 minutes de votre temps, c’est la durée du premier épisode “Jusqu’où peut-on aller pour devenir ami avec ses voisins”.
Vous pourrez ensuite faire comme moi, et enquiller sur les 213 autres épisodes de façon frénétique. À noter tout de même, après une centaine d’épisodes, Transfert a été repris par Slate, Charlotte Pudlowski n’étant plus de la partie, j’ai trouvé que le choix des sujets et la présentation avant les récits avaient perdu en qualité.
Parmi mes épisodes favoris, on peut citer :
- “Assister au renversement du monde”
- “Démultiplication”
- “Une rupture dans la normalité”
Superhéros
Après avoir boulotté tous les épisodes de Transfert, je me suis retrouvée dans une phase de descente, comme un drogué en sevrage forcé.
Ne sachant plus quoi me mettre sous l’écouteur, j’ai fouiné jusqu’à trouver un podcast à la hauteur, et Superhéros, lauréat du prix du meilleur podcast documentaire au Paris Podcast Festival 2019 m’a interpellé.
Julien Cernobori y interviewe avec bienveillance, douceur et délicatesse, des gens ordinaires qui ont vécu des vies extraordinaires. Mais quand on dit “extraordinaire”, ce n’est pas un euphémisme, vous croiserez des personnes qui ont frôlé la mort de très près, qui ont fait des choix de vie hors du commun ou qui ont eu un destin qui n’existe habituellement que dans les bons romans.
En plus des récits passionnants, la prise de son et le montage sont d’une qualité rare, vous aurez l’impression d’être aux côtés de Julien pendant ses interviews avec les bruits de fonds soigneusement conservés et intégrés aux interviews.
Les épisodes se présentent sous forme de série : chaque personne interviewée a une série d’épisodes d’environ 10 mn qui lui sont consacrés (en général une dizaine). Vous pouvez donc écouter chacune des histoires dans l’ordre qui vous chante.
Ma série d’épisodes préférée est celle d’Hélène, sans doute parce qu’elle est à la genèse du projet de ce podcast. Cependant, les autres histoires ne déméritent pas et ne sont pas du tout redondantes, à chacune sa particularité et sa dose d’émotions fortes.
CERNO
On passe du côté obscur des podcasts, avec ce podcast toujours signé Juju (ouais je sais, je prends la confiance là, mais j’ai l’impression d’être devenue proche de lui après avoir passé autant d’heures en sa compagnie auditive).
Le pitch de Cerno ? Julien Cernobori apprend qu’il vit dans un immeuble ayant été occupé par un ancien tueur en série.
Il s’engouffre alors dans une anti-enquête, qui ne vise pas tant à élucider les crimes commis qu’à découvrir la vraie nature des victimes et des tueurs, et à ce qui les a menés à ces mortelles rencontres.
N’étant pas du tout fan de chroniques policières (sauf si elles sont écrites par Elise Costa, mais c’est une autre histoire et ça fera peut-être un jour l’objet d’un autre article ?), je vous avoue que j’étais dubitative avant de lancer le premier épisode.
Évidemment, le désormais presque scientifiquement prouvé “Effet Julien Cernobori” a fait son œuvre et j’étais accrochée à la petite centaine d’épisodes comme une huître à son rocher. Le haut potentiel addictif de ce podcast est garanti !
On suit Julien dans les rues de Paris comme si on y était : grincements de portails, remarques de parisiennes hautaines, bruit de la machine à café qui coule et carillons de portes inclus.
Il marche dans les pas des tueurs mais aussi – et surtout – des victimes qui ont croisé leur route, il rencontre sur son chemin des personnes hautes en couleurs qui ponctueront d’ailleurs l’intro de chaque épisode de leurs extraits de voix. Mention spéciale au couple de comédiens qui ont rendu mythique l’intro de certains épisodes !
Je pourrais vous parler des heures du travail de Julien Cernobori, mais je préfère vous laisser écouter par vous-même ce travail de longue haleine. En attendant, j’ai toujours une cafetière et un paquet de café sous la main, histoire d’être sûre de l’accueillir comme il se doit, au cas où je croiserai Julien devant chez moi un de ces jours !
Les épisodes s’écoutent dans l’ordre et sont tous numérotés, ils durent en moyenne 30 minutes.
Entre
Ce podcast est un outsider, un podcast hors catégorie, mené d’une main de maître par Charlotte Pudlowski et Brune Bottero.
Autour de la thématique de l’enfance, de l’adolescence, du passage délicat que ces âges représente, des émotions que cela suscite, ce podcast se décompose en plusieurs saisons, dont les deux premières sont des pépites.
La première saison est l’interview de Justine, 11 ans, qui rentre en 6ème. Impossible de l’écouter sans que cela nous renvoie inexorablement vers notre propre nous, au même âge. On suit cette jeune fille quitter l’enfance avec tout ce que cela peut entraîner au plus profond d’elle-même.
La seconde saison est l’histoire de deux enfants : Lucien et Julie, un frère et une sœur qui se confient à leur belle-mère qui n’est autre que la talentueuse Brune Bottero. J’ai versé quelques larmes (même un certain paquet de larmes) en les écoutant tous les trois, et en entendant tout l’amour qu’il pouvait y avoir dans une famille, quelle que soit sa composition et les épreuves vécues par tous ses membres.
Le point commun de ces deux saisons, c’est sans aucun doute le travail d’introspection que ces mini adultes nous poussent à faire mais aussi la qualité des interviews, beaucoup de talent des deux côtés du micro !
Chaque saison comporte plusieurs épisodes de 10 minutes qui s’écoutent dans l’ordre.
Ou peut-être une nuit
Ce podcast, encore une fois signé Charlotte Pudlowski, touche à un sujet sensible qu’est l’inceste.
Elle se questionne sur les secrets de famille autour de l’inceste, davantage sur le versant philosophique que sur le fait divers.
Charlotte Pudlowski part d’une histoire familiale qui la touche directement, et investigue étape par étape, en interviewant avec beaucoup de délicatesse les protagonistes mais aussi des experts et professionnels.
Pourquoi l’inceste est tabou à ce point ? Par quels mécanismes psychologiques les victimes peuvent-elles continuer à aimer leur agresseur ? De quoi hérite-t-on lorsque l’on naît dans une famille touchée par l’inceste ?
C’est un podcast qui pousse indéniablement à s’interroger, à remettre en question le côté tabou de ce type de violence, et l’impact que cela peut avoir sur les victimes, mais aussi sur leurs familles.
Les épisodes durent environ 50 minutes et s’écoutent dans l’ordre.
13 novembre : 3 voix pour 1 procès
Dans une toute autre thématique, ce podcast signé Charlotte Piret m’a accroché rapidement par son sujet, mais aussi, et surtout par son format très original.
Au fil de cette série de 12 épisodes, pas question d’interview en bonne et due forme : on entend des notes vocales échangées tout au long du procès du 13 novembre.
Mais ces notes vocales ne sont pas échangées par monsieur et madame tout le monde, il s’agit de 3 personnes impliquées dans ce procès de manière très particulière. On y retrouve des échanges entre une victime des attentats du Bataclan, l’avocat de l’un des accusés, et une journaliste spécialiste des affaires judiciaires.
Leurs échanges sont troublants, profonds et parfois difficiles, chacun vivant à sa manière ce procès hors du commun qui ne semble jamais finir.
Chaque épisode nous fait avancer dans une réflexion profonde sur le sens de la justice, la manière dont sont traitées chacune des parties, et sur toutes les émotions qui demeureront imprégnées dans les bancs de ce tribunal d’envergure exceptionnelle.
Je n’avais personnellement pas du tout suivi le procès d’un point de vue médiatique, et j’ai trouvé extrêmement intéressant de le découvrir par ce biais là.
Les épisodes durent une vingtaine de minutes et s’écoutent dans l’ordre.
Les pieds sur terre
Je clôture mon article avec ce podcast qui est en réalité une émission de radio qui existe depuis plus de 20 ans !
Dans mes pérégrinations pour trouver d’autres récits de vie à écouter, l’émission Les Pieds Sur Terre de Sonia Kronlund est assez rapidement sortie des différents articles de recommandations de podcasts.
L’avantage, c’est le côté “puits sans fond” puisqu’il y a un épisode par jour ouvré, tous les jours depuis 20 ans, autant dire qu’on n’a jamais vraiment fait le tour !
Les sujets sont aussi variés qu’on peut se l’imaginer, vu la quantité d’épisodes, on passe sans transition de l’interview d’un éleveur de chèvres à l’interview d’un jeune proxénète de cité.
Alors certes, tous les sujets ne susciteront probablement pas le même intérêt chez vous, mais de mon côté, j’aime l’idée d’écouter quand même les épisodes qui m’attirent le moins. Ça me permet d’être parfois surprise de la chute de l’histoire ou de me questionner sur ce que l’épisode révèle de la société dans laquelle nous vivons.
Les épisodes durent environ 30 minutes et peuvent s’écouter indépendamment les uns des autres, sauf quand ils font partie d’une série.
À ce propos, j’ai particulièrement adoré la série “Ma fille sous influence” qui retrace le parcours de jeunes filles enrôlées par Daech, et de leurs familles.
Et puis, forcément, puisque je suis originaire de cette ville, la série “Roubaix, commissariat des affaires courantes”. Criants de vérité sur cette ville aux milles facettes, l’humanité qui transparaît de ces épisodes est juste remarquable.
Quel podcast écouter après ?
Je pourrais parler de podcasts aussi longtemps que j’en ai écouté mais je m’arrête (presque) ici pour cette fois.
Si vous avez fini d’écouter les masterpieces de podcasts citées plus haut, sachez que je connais votre frustration, vous n’êtes pas seul(e)… et quand il n’y en a plus il y en a encore !
En passant, et parce que le choix que j’ai dû faire a été cornélien, je peux tout de même vous citer les podcasts “À suivre” (surtout les séries “Enlèvement à l’italienne” et “La cage”) ainsi que “Profils” d’Arte radio. Si vous êtes fan d’interviews sur des sujets plus sulfureux, « Brise glace » est également un excellent podcast suisse.
Enfin, le podcast “Traverse” dans lequel Maïa Mazaurette raconte le deuil de son conjoint. Des épisodes qui ont le mérite pour le moins surprenant de n’être pas larmoyants, ça a été pour moi une délicieuse découverte. Je terminerai (si, si, j’arrête après celui-là, promis !) par “1000 degrés” un podcast d’enquête terriblement bien réalisé et monté qui reprend une affaire qualifiée de “cold case”, une sombre histoire de colis piégé dans les années 90.
Après vous avoir donné la liste de mes podcasts fétiches, je n’ai qu’une envie : faire de nouvelles découvertes ! Je suis toute ouïe si vous avez des podcasts à me recommander en commentaires, des podcasts qui vous ont fait vibrer ou passionné ? Racontez-moi !
1 Comment
Bonjour,
Merci pour ces recommandations, j’arrive après la guerre mais j’adore le podcast Symptômes où les médecins racontent le cas le plus marquants de leur carrière.